jeudi 30 avril 2009

Histoire des Juifs au Brésil

L'histoire des Juifs au Brésil commence avant l'arrivée des bateaux de Cabral, dont le bras droit, Gaspar de Gama (ou de Lemos), était un Juif polonais. Tout a débuté au début du XVe siècle, quand les Juifs espagnols et portugais furent obligés de se convertir au christianisme, sous peine d'être expulsés de leurs pays s'ils ne le faisaient pas.
L'Espagne vit apparaître le premier grand mouvement migratoire de populations juives en 1492, les Séfarades. Ils quittèrent l'Espagne après la conclusion du traité signé par les Rois catholiques, expulsant ceux d'entre eux qui ne s'étaient pas convertis au christianisme. Ils se dirigèrent vers l'Empire ottoman via la Pologne et la Russie, le Maroc et passèrent aussi au Portugal. En 1496, l'aristocratie portugaise expulsa les Juifs non convertis. Du Portugal, les nouveau convertis, et tout particulièrement ceux qui avaient conservé des pratiques religieuses juives, ne ménagèrent pas leur peine, à partir de 1540, pour émigrer dans le Nouveau monde. À cette époque, le Portugal commençait tout juste la colonisation des terres découvertes. Un nouveau converti, João Ramalho, aurait même, selon l'historien Rocha Pombo, touché les terres de ce qui allait devenir le Brésil avant l'arrivée de Cabral, navigant dans leurs parages en 1497, peu après l'expulsion du Portugal.

L'installation dans le Nouveau monde:
Au moins jusqu'au déclenchement de l'Inquisition dans le nouveau pays (1591-1595), les nouveaux convertis s'intégrèrent bien à la société locale. Ils vivaient en bonne entente avec les chrétiens de souche portugais et partageaient avec eux de nouvelles expériences, allaient à l'église, faisaient du négoce et se mariaient entre eux.
De la fin du XVIe à la moitié du XVIIe siècle, beaucoup de propriétaires de fabriques de sucre d'origine "nouveaux convertis" vivaient à Bahia et composaient, même de cette condition, une bonne partie de l'aristocratie sucrière du Pernambouc, formée avec des traficants d'esclaves et des gros commerçants. La crise économique liée à l'évolution du marché du sucre mit en péril la vie de ces gens, et, en 1684, un proriétaire juif, Manoel Beckman, initia un mouvement que l'historien Varnhagen considère comme "la plus sérieuse révolution menée" dans le pays.
Pendant toute cette période, en plus de la catégorie sociale déjà citées que la possession des moulins à sucre plaçaient au plus haut niveau de la société coloniale, il y avait aussi des convertis artisans, petit cultivateurs, commerçants, juristes, militaires et chirurgiens établis dans toutes les Capitaineries. Malgré l'interdiction formelle de participer à l'administration du territoire, ils étaient nombreux à occuper des postes importants tels que des charges politiques municipales et de hauts postes bureaucratiques et cléricaux.
La vie dans la Colonie ne leur fut pas toujours facile. La présence de l'Inquisition incita à la dénonciation de l'hérésie et délits contre la foi catholique. Les motifs pouvaient en être tant religieux qu'économiques, mais, de toutes façons, les nouveaux convertis vivaient longtemps sous le signe de la défiance : étaient-ils de vrais chrétiens, ou avaient-ils maintenu, cachée, leur pratique du rite juif, envers et contre tous ? La plupart étaient dénoncés parce qu'ils maintenaient certaines habitudes familiales du judaïsme, comme faire le pain ou laver la maison le vendredi...
Les pratiques juives connurent une première libération lors de la conquête et de l'installation hollandaise au Pernambouc, de 1630 à 1654, opérée par Jean-Maurice de Nassau. Beaucoup de Juifs hollandais, d'origines portugaise et espagnole, s'installèrent dans la Capitainerie, se consacrant principalement au commerce du sucre et des esclaves, et pratiquant la collecte des impôts, dont le droit leur avait été accordé, et pratiquant le même type de tâche que celles qu'ils exerçaient en Europe depuis des siècles. Encouragés par l'arrivée de ces Juifs, beaucoup de nouveaux convertis vivant dans les alentours décidèrent de retourner à la foi de leurs Pères.
La liberté de culte des Juifs dans la Colonie ne fut seulement garantie dans la Constitution de l'Empire du Brésil que par le traité commercial de 1810, signé entre le Portugal et l'Angleterre. Celui-ci permettait la liberté de pratiquer leur religion aux Protestants sujets de la Couronne anglaise qui fréquentaient les marchés du Brésil. Les effets de cette tolérance religieuse permirent, dans les premières décennies du XIXe siècle, à des commerçants juifs français et anglais de s'installer à Rio de Janeiro. Le plus connu d'entre eux, le Français Bernard Wallerstein, était le propriétaire d'une maison de mode féminine qui fut le principal fournisseur de la Maison impériale.

Vie sociale, politique et culturelle:
L'inexistence d'antisémitisme ou de pratiques discriminatoires significatives au Brésil a contribué à l'identification des Juifs comme Brésiliens de classes moyennes et au maintien des nombreux liens qui unissent encore la communauté juive.
Ils ont fondé journaux, bibliothèques, écoles, synagogues, associations féminines d'aide mutuelle et de soutien aux nouveaux venus. Ils se sont impliqués dans la vie politique des mouvements socialistes et progressistes et, d'une manière générale, dans la vie politique de tout le pays.
Cette implication leur causa des problèmes sérieux, lors du coup d'État de 1964 qui amena un Gouvernement militaire au Brésil. L'Acte Institutionnel n° 5 (AI-5), promulgué le 13 décembre 1968 et en vigueur jusqu'à octobre 1978, qui suspendait les garanties constitutionnelles, cassait les mandats, confisquait les biens en cas d'"enrichissement illicite" a, entre autres choses, contribué à faire émigrer vers Israël les Juifs brésiliens qui subissait fortement cette répression, du fait de leur investissement dans la vie nationale. Les Juifs du Brésil sont pourtant moins attachés au sionisme que leurs voisins argentins. Mais la majorité a renforcé ses racines dans le pays, durant cette période.
Actuellement leur intégration à la société brésilienne est totale. À partir des années 1970, les mariages entre Juifs et non-juifs devenaient un phénomène banal dans toutes les grandes villes brésiliennes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire